Déclaration de Jacques Cheminade, le 8 juillet 2024
Le résultat du second tour des élections législatives est révélateur, non pas en raison du flot de paroles déversées par les uns et les autres, mais par le déni de réalité de tous.
Tous en effet se sont situés dans le contexte d’un combat de politique intérieure, comme si la France était isolée du contexte mondial. Aucun n’a évoqué le risque de guerre, tous ont fait comme si fournir des armes à l’Ukraine allait de soi. Aucun n’a évoqué la mainmise de l’oligarchie financière sur les nations et les peuples, tous ont fait comme si ce n’était pas une question méritant d’être soulevée. Ils ont ainsi aligné des promesses impossibles à tenir dans l’ordre actuel auquel ils ont tous de fait consenti, faute de soulever les défis réels.
La réalité est qu’au sein de l’OTAN, nous devons nous soumettre à une « économie de guerre » orientée contre l’un des deux Etats au monde détenant la plus grande puissance nucléaire, en nous mettant de fait au service du second et risquant ainsi un conflit généralisé. La réalité est qu’au sein de l’Union européenne, la France sera soumise en septembre à l’obligation de présenter un plan de réduction de notre dette sur sept ans. Dans l’ordre existant, nous sommes libres d’obéir.
Faut-il donc s’adapter sagement aux marchés financiers qui détruisent notre pouvoir d’achat et notre indépendance, comme le proposent les macroniens ? Faut-il endosser le programme de stabilité et de sécurité du Rassemblement national, qui créerait les conditions de l’instabilité et de l’insécurité, faute de sécurité sociale et de développement économique mutuel ? Faut-il se rallier au programme, à tout le programme et rien que le programme du Nouveau Front populaire, alors que les moyens financiers de l’appliquer chez nous manquent, puisque les sociétés du CAC40 font plus de 80 % de leur chiffre d’affaires hors de France et que les ultra-riches ont depuis longtemps délocalisé leur fortune ?
Nous voici donc, dans ce contexte, avec une chambre introuvable, sans majorité présidentielle ou autre et sans politique d’indépendance et de souveraineté nationales. Avec des va-t-en guerre conduisant à de monstrueuses destructions par complicité, faiblesse ou ignorance, et de faux-monnayeurs prétendant distribuer sans produire, comme le fit François Mitterrand en 1981, conduisant au « tournant de la rigueur » pour conserver le pouvoir et à un Acte unique nous imposant le supplice économique de la roue.
Que faire ? Ce simple constat est un acte d’honnêteté élémentaire mais condamne à l’impuissance, faute d’alternative. C’est pourquoi Solidarité & Progrès se bat pour un projet de rupture mobilisateur, à l’échelle internationale et nationale. Internationale, cela signifie sortir du monde de l’OTAN, de la City, de Wall Street et de l’emprise financière pour se joindre au mouvement d’émancipation des BRICS. C’est dans ce contexte politique opposé à l’« ordre occidental fondé sur des règles » que nous pourrons enfin trouver les degrés de liberté afin d’appliquer des politiques plus justes. En répondant à la double exigence de sécurité et de justice sociale qui s’est manifestée dans ces élections. Dès mon programme de 2007, j’ai appelé à nous libérer du « fascisme financier », vraie matrice de l’autre. Cela signifie parler vrai en appliquant des principes et ne plus mentir en alignant des chiffres. Nationale, cela veut dire redonner priorité au travail humain et au service public, aux sécurités publique et sociale. Internationale et nationale ensemble, cela signifie penser en patriotes et citoyens du monde.
Est-ce difficile ? Oui, difficile comme l’exercice même de la liberté. C’est pourquoi j’invite tous les lecteurs à prendre notre contact, comme on dit aujourd’hui, pour avancer dans la rude voie du monde réel. Personne ne détient toute la vérité mais tous ceux qui la cherchent doivent se rassembler. Il y a urgence. Car le déni de réalité conduit toujours à la déroute.
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