L’univers parallèle de nos dirigeants nous mène à la guerre nucléaire

mercredi 27 mars 2024

Suite au sommet de l’UE à Bruxelles, le 22 mars, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a mis le doigt sur le nerf sensible, affirmant que plusieurs dirigeants européens parlaient ouvertement de ce qui était encore « impensable » il y a quelques semaines : envoyer des troupes de l’Otan en Ukraine pour combattre la Russie. Orbán a averti que « si un pays de l’Otan se lance dans des opérations militaires contre la Russie, cela signifiera le début de la Troisième Guerre mondiale », avant d’ajouter, à propos de la rencontre avec ses collègues : « J’ai l’impression d’être arrivé dans une autre galaxie. »

Quoi que l’on pense du dirigeant hongrois, il n’a malheureusement pas tort sur ce point. La politique dominante parmi les élites occidentales n’est plus seulement celle d’une nouvelle Guerre froide, mais s’oriente vers un affrontement de plus en plus chaud avec la Russie et la Chine à tous les niveaux, y compris nucléaire. La rhétorique pro-guerre émanant des grands médias dominants et de quasiment tous les dirigeants politiques semble prise dans une course à la surenchère, chacun rivalisant dans la diabolisation à outrance du président Poutine et de la Russie, devenus sources de tous les maux de la terre, voire même de l’univers.

Escalade

L’envoi de troupes (labellisées « non-combattantes ») de l’Otan sur le terrain « n’est plus exclu » par la France. Bien que le chancelier allemand Olaf Sholz les retienne pour l’instant, certaines factions du gouvernement allemand sont favorables à la livraison à Kiev de missiles de croisière Taurus, d’une portée de 500 km, permettant aux Ukrainiens de frapper des territoires qu’ils considèrent toujours comme les leurs (Crimée, Donbass, etc.), alors qu’ils font déjà constitutionnellement partie de la Fédération de Russie et que leurs habitants ont participé à ce titre aux élections présidentielles russes. Les raffineries de pétrole situées au cœur de la Russie continuent d’être frappées par des armes occidentales, tout cela en accord avec des directives des élites occidentales et leur approbation ouverte.

Puis, le 22 mars, un carnage terroriste odieux a tué au moins 137 Russes qui assistaient à un concert près de Moscou. Bien que les autorités russes n’en aient pas encore officiellement attribué la responsabilité, le président Poutine a annoncé à la télévision nationale que « les assaillants ont été surpris en train de fuir vers l’Ukraine, où, selon les données préliminaires, une fenêtre pour traverser la frontière avait été préparée du côté ukrainien ».

Lundi soir, s’adressant aux forces de l’ordre et aux responsables régionaux, le président russe a de nouveau soulevé la question du rôle de Kiev dans cette attaque terroriste. Décrivant les sept accusés comme des « islamistes radicaux », Poutine a souligné qu’il reste à savoir pourquoi ils ont fui en direction de l’Ukraine. « Qui les attendait là-bas ? a-t-il demandé.Il est clair que ceux qui soutiennent le régime de Kiev ne veulent pas être complices et sponsors du terrorisme. Mais beaucoup de questions demeurent. » « Bien que la Russie sache qui a appuyé sur la gâchette,ajouta-t-il, Moscou doit encore identifier le donneur d’ordre. »Il a toutefois clairement indiqué que Kiev était son principal suspect.

Ajoutons qu’au-delà même du rôle putatif du régime ukrainien, il est évident que la capacité d’orchestrer un tel acte terroriste, ainsi que les mobiles qui l’ont inspiré, doivent être recherchés principalement dans les agences de renseignement occidentales — en particulier britanniques, avec leurs appendices en Asie centrale, comme nous l’avons documenté à plusieurs reprises depuis le coup d’État de Maïdan en 2014.(LIRE : « Les origines anglo-américaines des néo-nazis en Ukraine », février 2015 ;« Ukraine : le président Zelensky piloté par Londres ? », avril 2021 ;« Ukraine : Moscou démasque l’implication directe de Londres », novembre 2022)

Mobilisation

Un autre aspect de cette guerre contre l’humanité, menée par « l’univers parallèle », est la guerre financière et économique lancée par Wall Street et la City de Londres contre les pays des BRICS et tout pays du Sud qui voudrait se libérer de la servitude du pillage et de la spéculation du système transatlantique en faillite. L’Afrique du Sud est menacée de sanctions américaines pour avoir osé dénoncer le génocide israélien à Gaza. Le FMI et les banques internationales tiennent l’Éthiopie et l’Égypte sous leur botte, exigeant une austérité mortelle et des coupes budgétaires afin de refinancer leurs prêts. Les banques chinoises font l’objet d’un chantage avec la perspective de sanctions américaines si elles continuent à financer le commerce sino-russe. Et l’Arabie saoudite subit de fortes pressions pour qu’elle s’éloigne des BRICS et reconnaisse Israël, afin que la région puisse alors s’attaquer à ce qui représente « peut-être la plus grande menace pour Israël et pour beaucoup d’autres, c’est-à-dire l’Iran et ses divers mandataires », comme l’a affirmé le secrétaire d’État Tony Blinken, après avoir rencontré le ministre saoudien des Affaires étrangères et le prince héritier Mohammed ben Salmane.

Les points de vue de ces deux univers sont devenus absolument irréconciliables, comme l’a récemment souligné Helga Zepp-LaRouche, la présidente de l’Institut Schiller. Un effort particulier doit être entrepris pour ramener un semblant de rationalité dans les cercles politiques occidentaux avant qu’il ne soit trop tard. Le 22 mars, lors de son discours de clôture à la réunion de la Coalition internationale pour la paix, Mme Zepp-LaRouche a souligné : « Je pense que l’aggravation de la situation stratégique va se faire sentir dans le monde entier, parce que si les Russes disent réellement que l’on est maintenant en état de guerre, cela sera entendu. Je ne peux qu’espérer que ceux qui pensent que ce n’est que du bluff et que cela n’arrivera pas, se réveilleront à temps. »

La présidente de l’Institut Schiller a appelé les citoyens des pays occidentaux à solliciter toutes les organisations et institutions (syndicats, élus, partis, églises, etc.) susceptibles d’être alertées et mobilisées, afin qu’elles agissent en s’appuyant sur la déclaration de la Coalition : « Notre cri ne doit pas arriver trop tard ! »

Et surtout, « nous devons également nous attaquer aux causes sous-jacentes pour lesquelles cela se produit (…), a précisé Mme Zepp-LaRouche. Car, alors que les économies occidentales s’effondrent, entraînées par la crise du système financier de Londres et de Wall Street, certaines parties du monde connaissent un réel progrès, telles que la Chine et une bonne partie de l’Asie. »

C’est pourquoi nous devons tout faire pour que nos pays, en Occident, s’extirpent de cet univers parallèle qui nous mène à la guerre nucléaire, et nouent des liens avec la Chine, la Russie, les BRICS et l’ensemble des pays de l’hémisphère sud, en vue de bâtir une architecture internationale de sécurité et de développement entièrement nouvelle.